Matthieu Croissandeau, élu directeur de la rédaction de l’Obs » http://t.co/TJtOLnGtXt cc @croissandeau pic.twitter.com/q0brb792Cu
— Nouvel Observateur (@LeNouvelObs) April 10, 2014
Matthieu Croissandeau a été élu jeudi 10 avril directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Il recueillera sans problème les suffrages d’au moins 50% des quelque 170 journalistes. Le choix du successeur de Laurent Joffrin et le consensus autour de sa candidature s’expliquent pour de multiples raisons.
En premier lieu, l’intéressé, journaliste au Nouvel Observateur de 1997 à 2011, était lui demandeur car “placardisé” au Parisien depuis juin 2013. Recruté comme rédacteur en chef politique par le quotidien d’Amaury, il avait été promu patron du grand pôle “actualité-économie-politique” mis sur pieds en juin 2012. Croissandeau a payé l’échec de cette nouvelle organisation rédactionnelle, qualifiée d’usine à gaz” en interne. Un an plus tard, il a été rétrogradé rédacteur en chef éditorial, chargé également d’assurer également les plateaux de télévision et les émissions radio.
Secondo, la candidature de Matthieu Croissandeau faisait du sens du côté du futur nouvel actionnaire du Nouvel observateur, Le Monde. Son père, Jean-Michel Croissandeau, a créé Le Monde de l’éducation en 1974, dont il a été le rédacteur en chef de 1982 à 1989. Le journaliste, passé par la communication du ministère de l’Éducation nationale sous Lionel Jospin, a terminé sa carrière en 2000 en tant que directeur commercial du Monde. Surtout, Matthieu Croissandeau, à 42 ans, incarne à la fois les valeurs de L’Obs (la gauche, le côté exclusif) et le renouveau (il a travaillé ailleurs, au Parisien). Sa mission lui a été clairement fixée par le président du directoire du Monde, Louis Dreyfus, quadragénaire comme lui. Il s’agit de relancer (voire de réinventer) Le Nouvel Observateur, leader vieillissant et déclinant des newsmagazines français. Le journal créé en 1950 par Jean Daniel et Claude Perdriel a vu sa diffusion reculer de 1,3% en 2013 (DSH OJD : 515 830 exemplaires). L’Obs, après avoir été une “vache à lait” jusqu’en 2010, est désormais déficitaire. Il a perdu neuf millions d’euros l’année dernière (pour 90 millions d’euros de CA). Pour le remettre sur les rails, serait notamment évoquée, le lancement d’une nouvelle formule au second semestre, après plusieurs liftings depuis deux ans. L’un des premiers chantiers du nouveau directeur sera aussi d’accélérer les synergies entre le papier et le web. L’ouverture, avant la fin avril, de la clause de cession, suite au rachat de L’Obs par Le Monde, devrait l’y aider avec le départ prévu des plus âgés des rédacteurs encore en poste.
Tertio, Matthieu Croissandeau séduit les journalistes du Nouvel Observateur, dont il est issu. Il est entré en 1997 au service “Économie” avant de gravir peu à peu les échelons. Au moment de rejoindre Le Parisien en 2011, Croissandeau était rédacteur en chef adjoint du service “Politique” du newsmagazine. Signe de cette “popularité” la Société des rédacteurs a entériné le 4 avril à l’unanimité sa candidature. Son assentiment, après l’annonce de son choix par l’actionnaire, était nécessaire au vu de la charte du Nouvel Observateur. Jusqu’à présent, les journalistes du newsmagazine n’ont jamais remis en cause les avis de la SDR qui les représente.